Nue-propriété

Nue-propriété : définition juridique

Notion spécifique qui définit la propriété d’un bien séparée de la jouissance et du droit d’usage dudit bien. Ce mécanisme juridique complexe repose sur le démembrement du droit de propriété qui permet de dissocier l’usus (l’usage du bien), le fructus (le fait de percevoir des revenus issus du bien) et l’abusus (le droit de disposer du bien). La nue-propriété correspond à l’abusus : le nu-propriétaire détient le bien, mais ne peut pas en avoir l’usage.

Définition de la nue-propriété

Le droit de propriété est un droit réel qui confère à son titulaire (le propriétaire) toutes les prérogatives sur le bien constituant l’objet de son droit, comme le prévoit le Code civil dans ses articles 544 et suivants.

La propriété d’un bien peut toutefois être démembrée. Le droit civil la décompose en trois attributs :

  • l’usus, ou le droit d’utiliser le bien ;
  • le fructus, ou le droit d’en percevoir les fruits ou les revenus ;
  • et l’abusus, ou le droit de disposer du bien, à savoir : de le vendre, de le modifier ou de le transmettre.

Lorsque ces droits sont séparés, on parle de démembrement de propriété. La nue-propriété désigne donc le droit de propriété dépourvu de l’usufruit, ce qui correspond à l’abusus. Ce démembrement correspond à une réalité patrimoniale : le nu-propriétaire est la personne qui a la faculté de disposer d’un bien, quand l’usufruitier ne dispose que du droit d’en avoir l’usage et d’en percevoir les fruits (usufruit = usus + fructus). Par ailleurs, l’usufruit étant souvent temporaire, la pleine propriété revient au nu-propriétaire à l’extinction de celui-ci (Code civil, articles 578 et suivants).

Le nu-propriétaire d’un bien immobilier ne peut pas occuper les locaux ni en percevoir de revenus. En revanche, il a la possibilité de le revendre, de l’administrer et de prendre des décisions quant à son affectation. Enfin, il est tenu de prendre en charge les réparations importantes, tandis que l’usufruitier est responsable des travaux d’entretien courant.

Optimisation patrimoniale et fiscale en nue-propriété

L’acquisition de la nue-propriété d’un bien immobilier a un intérêt patrimonial et fiscal.

  • Le prix d’achat en nue-propriété est généralement inférieur à celui d’une pleine propriété, car l’usufruit est délégué à un tiers pour une durée limitée. Le plus souvent, dans le domaine du tertiaire, l’usufruitier est un bailleur social ou un investisseur. La décote correspondante (de l’ordre de 30 à 50 % en fonction de la durée du démembrement) est justifiée par la privation temporaire de jouissance et de revenus.
  • Le nu-propriétaire n’a pas à s’acquitter de la taxe foncière, qui est à la charge de l’usufruitier (la taxe d’habitation ne concerne pas les locaux professionnels et a été supprimée pour les résidences principales).
  • Lors du calcul de l’assiette de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), seuls les droits effectivement détenus sont pris en compte par l’administration fiscale : la nue-propriété n’est donc pas utilisée pour le calcul de la valeur du patrimoine de l’entreprise ou du particulier.
  • En cas de donation, les droits fiscaux sont réduits car calculés sur la valeur du bien en nue-propriété.

Gestion flexible en nue-propriété

Le démembrement offre l’avantage d’une flexibilité accrue dans la gestion des biens, pour les entreprises comme pour les professionnels de l’immobilier.

À titre d’exemple, une société peut céder temporairement l’usufruit à un opérateur spécialisé tout en conservant la nue-propriété, ce qui lui permet de garder le bien sur le long terme, sans devoir en assurer la gestion quotidienne. Elle peut aussi transmettre ses actifs immobiliers à des filiales ou à des partenaires, en dissociant la jouissance immédiate de la propriété. Cette organisation est surtout pertinente pour les sociétés foncières ou les fonds d’investissement.

Valorisation et revente d’un bien en nue-propriété

Au moment de la revente d’un bien en nue-propriété, les professionnels doivent le valoriser en tenant compte des spécificités de cette notion juridique et en ciblant une audience adaptée, notamment des investisseurs à long terme. Ils doivent aussi expliquer clairement les droits, obligations et responsabilités de chaque partie, ainsi que les modalités de remembrement (retour à la pleine propriété) et les risques juridiques et financiers induits par cette situation (comme un éventuel conflit entre le nu-propriétaire et son usufruitier).

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