Charges locatives

Charges locatives : définition juridique

Les charges locatives (ou « charges récupérables ») renvoient au montant mensuel dû par le locataire en vertu de l’occupation des locaux, en complément du loyer. Plus spécifiquement, ces charges sont engagées par le propriétaire bailleur qui peut les récupérer auprès de son locataire. Elles regroupent les frais relatifs à l’entretien courant du bien et des parties communes, certaines consommations de la copropriété, des services annexes et d’autres dépenses liées à la jouissance du lot. L’imputation de ces charges au locataire est rigoureusement encadrée par la loi.

Cadre juridique des charges locatives en location résidentielle

En matière de location résidentielle, le cadre juridique des charges locatives est posé notamment par la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 sur l’amélioration des rapports locatifs, et par le décret n° 87-713 du 26 août 1987 (en application des dispositions de la loi du 23 décembre 1986 qui fixe la liste des charges récupérables).

Ces textes réglementaires déterminent avec précision les charges récupérables sur le locataire dans le cadre d’un bail d’habitation. Comme le prévoit la loi, seules les charges locatives mentionnées par le législateur peuvent être imputées sur l’occupant, à condition d’être inscrites dans le bail et d’être pleinement justifiées.

Parmi les charges locatives imputables à l’occupant des lieux :

  • L’entretien de la copropriété : parties communes, espaces verts, ascenseur(s), petites réparations dans l’immeuble.
  • Les consommations d’eau et d’électricité de la copropriété.
  • Les services liés à l’eau froide et chaude, ainsi qu’au chauffage collectif s’il existe.
  • Certaines taxes liées à la jouissance du bien, comme la taxe d’enlèvement des ordures ménagères et la redevance d’assainissement.

En revanche, les charges considérées comme des « grosses réparations » (définies par l’article 606 du Code civil) et les dépenses liées aux travaux de mise en conformité ne peuvent pas être répercutées sur le locataire.

Les montants réclamés au locataire par le propriétaire bailleur au titre des charges locatives doivent être soutenus par des justificatifs et faire l’objet de régularisations annuelles, lorsque la modalité de perception choisie est celle des provisions sur charges.

Cadre juridique des charges locatives dans l’immobilier tertiaire

Dans le cadre de l’immobilier tertiaire (locaux professionnels et commerciaux), un régime juridique spécifique s’applique aux charges locatives.

La répartition des charges dans le bail commercial est réglementée par le Code de commerce. Elle doit apparaître dans un inventaire précis et limitatif, établi lors de la signature, dans le bail lui-même ou en annexe (en son absence, le bailleur ne peut pas facturer de charges à son locataire).

Les charges dues par le locataire :

  • Les dépenses d’entretien et de réparations courantes : eau, gaz, électricité, équipement de la copropriété, petits travaux, embellissement.
  • La taxe foncière et les taxes additionnelles.
  • Les impôts, taxes et redevances liées aux services dont bénéficie le locataire, à l’exemple de la taxe sur les ordures ménagères et de la taxe annuelle sur les bureaux en Île-de-France.
  • Les impôts, taxes et redevances liées à l’usage du local ou de l’immeuble, comme la taxe sur les locaux commerciaux de stockage et sur les surfaces de stationnement (applicable en Île-de-France).

Dans un ensemble immobilier qui comporte plusieurs locataires, le bail commercial détermine la répartition des charges entre les différents occupants en fonction de la surface exploitée.

À l’inverse, la répartition des charges locatives dans le bail professionnel est librement définie par les parties. En l’absence de dispositions légales spécifiques, il convient d’appliquer le droit commun du louage des choses prévu dans le Code civil, articles 1713 et suivants. Là encore, ces charges doivent faire l’objet d’un inventaire précis et limitatif intégré dans le contrat de bail. À noter que les grosses réparations incombent au bailleur, sauf clause contraire.

Modalités de perception des charges locatives

Indépendamment du type de bail, les charges locatives peuvent être perçues selon deux modalités :

  • La méthode forfaitaire consiste à déterminer un montant global de charges annuelles, puis à les imputer mensuellement au locataire. Dans ce cas de figure, le montant exigé est fixe et aucun recours ultérieur n’est possible, car les charges annuelles ne sont pas calculées.
  • La méthode des provisions sur charges en revient, pour le bailleur, à demander chaque mois un montant provisionnel et à effectuer une régularisation à la fin de l’année. Dans ce cadre, le locataire verse au propriétaire des avances mensuelles qui sont ensuite comparées aux dépenses réelles annuelles. La régularisation donne lieu au versement d’un complément ou au remboursement de la différence, selon les cas. Au moins un mois avant la régularisation, le bailleur doit fournir à son locataire un décompte détaillé ainsi qu’une note informative sur la répartition des charges.

Les charges locatives constituent un mécanisme essentiel permettant au bailleur de se faire rembourser certaines dépenses liées à la jouissance du bien loué (habitation ou local professionnel/commercial). De façon générale, la réglementation fixe la liste des charges récupérables ainsi que les justificatifs nécessaires, sauf dans le cas particulier du bail professionnel qui laisse aux parties une grande liberté contractuelle.

Revenir au lexique